Relations internationales
Jacques Fath
4 décembre 2007
SUR LES RESULTATS
DES LEGISLATIVES EN RUSSIE
Sur 450 sièges, V. Poutine disposera, à la Douma, d'une majorité de 353 députés: 315 pour son parti Russie Unie (64% des voix) et 38 pour Russie juste (environ 7,5%), formation de gauche dirigée par le Président du Conseil de la Fédération (chambre haute) et alliée de V. Poutine (en fait créée sous l'impulsion de Poutine pour concurrencer le PCFR).
L'opposition sera reléguée aux deux extrémités de l'Assemblée avec d'un côté le Parti communiste de la Fédération de Russie (PCFR) (environ 12%) qui passe de 47 à 57 députés et le Parti libéral démocrate, ultra-nationaliste, de V. Jirinovski (environ 9,5%) avec 40 députés.
La victoire électorale de Poutine est donc écrasante.
Elle est issue de 3 facteurs essentiels.
Premièrement, le nationalisme. C'est une réalité idéologique forte en Russie, cultivée par Poutine. Il y a en même temps la fierté retrouvée d'une Russie qui cherche à jouer un rôle de puissance dans le monde. On voit comment Poutine affirme un positionnement russe face aux Etats-Unis dans certains enjeux importants comme l'installation d'un système anti-missile en Europe centrale. Il y a plus généralement une affirmation de puissance militaire.
On constate d'ailleurs que même le PCFR et le parti de Jirinovski expriment à leur façon ce nationalisme russe.
Deuxièmement, le rétablissement d'une certaine stabilité sociale et économique avec une politique interventionniste de l'Etat et une ambition industrielle appréciées, manifestement, par une bonne partie du peuple russe. La défaite sévèrement confirmée des libéraux le montre aussi. La Russie de Poutine présente un bilan économique plutôt positif.
Troisièmement, l'autoritarisme. Avec des aspects de maîtrise plus grande de la part de l'Etat qui récupère son autorité. Voir l'exemple des « oligarques » qui ont dû plier devant le pouvoir. Mais c'est aussi une manipulation ou une mise au pas des médias, de la presse, de l'administration en général. Sans oublier la fraude électorale.
Dans ce contexte, le résultat du PCFR (pourcentage en baisse mais nombre d'élus en hausse) n'est pas mauvais. Celui des libéraux est calamiteux. Kasparov est marginalisé. Mais il semble plus comme ailleurs qu'en Russie. A noter son alliance « baroque » avec des « nationaux-bolchévique ».
Ces législatives -qui nécessitent une analyse plus complète- ressemblaient presque à un plébiscite. Poutine cherchera-t-il maintenant à se prolonger à la Présidence. Il a maintenant les moyens de modifier pour cela la Constitution avec la majorité atteinte à la Douma. A suivre.